MOOC GdP

Rémi Bachelet, précurseur de son temps

“Les briques se sont mises en place toutes seules, à partir d’une culture de connaissance libre”

Professeur à l’Ecole Centrale de Lille, Rémi Bachelet, fondateur du MOOC Gestion de Projet a commencé cette aventure avec les débuts d’internet. Au départ, c’est un fort intérêt pour la technologie qui l’a poussé à explorer les fonctionnalités d’internet, ainsi qu’une sensibilité pour les  collaborations à distance, le développement de projets dans les pays en développement. L’aventure a commencé avec la mise en place de son site www.gestiondeprojet.pm puis d’une FOAD, formation en ligne et enfin en 2012 d’un MOOC.

Le MOOC Gestion de Projet introduit les apprenants à la gestion de projet. Les fondamentaux : Qu’est-ce que la gestion de projet ? Pourquoi travailler en mode projet ? Et, les outils : planifier un projet, animer une équipe, négocier un objectif, mettre en œuvre la collaboration d’une équipe sur le net. À l’issue de cette formation, les apprenants sont  capables de concevoir et de piloter un projet.

Le MOOC Gestion de Projet, le 1er MOOC certifiant français

Aujourd’hui, le MOOC enregistre plus de 130’000 inscrits, 370’000 heures de formation diffusées en vidéo en ligne et une centaine de projets réels ou virtuels menés à bien jusqu’au dossier de montage.

En 2012, Rémi, tu as créé le MOOC Gestion de Projet, un des premiers MOOCs francophones, peux-tu nous en dire plus ?

Sur le fond j’étais persuadé qu’il y avait « un coup » à jouer pour démontrer que c’était faisable et partager le savoir-faire afin d’aider la création d’autres MOOCs.

En fait, cela faisait déjà 4 mois que j’étais impatient de lancer le GdP, mais j’étais bloqué par ma charge de travail. Pendant les vacances de Noël 1992, les échanges avec Matthieu Cisel ont débloqué la situation, car il m’a indiqué l’existence de Blackboard et de Canvas. Canvas a très vite réagi et en 10 jours j’avais l’approbation de la direction de Centrale avec une convention signée. Il faut donc aussi saluer le GO du directeur de Centrale de l’époque Etienne Craye.

“Je ne suis pas étonné que cela ait marché, même s’il fallait à l’époque pas mal de culot pour se lancer ainsi « sans filet » et sans moyens”.

Par contre clairement si je savais que cela allait marcher je n’imaginais pas que cela fonctionnerait « aussi bien ». Rien que le fait que la société Unow, la plateforme qui a hébergé notre MOOC plusieurs années, soit fondée et qu’ils recrutent 20 salariés c’est assez incroyable : on nous dit que notre boulot de chercheur doit créer des emplois et là ça s’est fait, donc il faut vraiment applaudir Yannick et Jérémie.

Et ce qui est étonnant c’est qu’on ne s’est jamais reposés : à absolument chacune des 8 éditions on a mis en place de grosses innovations : examens surveillés, algorithme de notation par les pairs, modules de spécialisations, partenariats avec des institutions, questions en direct, modèle économique, site web, SPOC GdP, conseils employabilité …

Comment as-tu imaginé le MOOC ? Est-ce une démarche personnelle que tu as construit seul ? Est-ce une réflexion dès le départ d’une équipe ?

Vue mon activité passée, associative, pédagogique et FOAD,  j’avais déjà une très bonne idée de ce qui était faisable et les briques se sont mises en place toutes seules, à partir d’une culture de “connaissance libre”.

Un exemple frappant c’est le parcours par équipe du GdP1 que j’ai développé tout seul en quelques heures, simplement en reprenant l’existant de la Wikiversité et de la pédagogie-projet de Centrale Lille. Certaines innovations ont dès le début été le fruit de l’imagination d’autres personnes.

Par exemple, la première étude de cas a été bien au-delà de celle de la FOAD, elle a été développée par Dominique Breton et Mégane Cristaldi, la plus jeune et le plus senior de l’équipe du GdP1 en 2012.

Ensuite ce n’est plus moi, chaque dispositif (de recherche, du parcours avancé, des examens, des partenariats…) a été approprié/transformé par leurs équipes respectives qui en ont fait autre chose, comme le MOOCAZ, le GdP-Lab, le SPOC GdP …

Quelle est ta plus belle réussite ? Quelles sont les choses qui te touchent aujourd’hui à travers le MOOC ?

Les remerciements : encore aujourd’hui je reçois par mél chaque soir le fil « faisons connaissance » et c’est vraiment exaltant de voir tous les jours 5-10 personnes venant du monde entier qui présentent leur envie d’apprendre et de progresser et qui vont pouvoir le faire grâce à notre communauté.

Si tu dois lancer un appel aujourd’hui, quel serait-il ? Si tu avais une baguette magique, quel serait ton souhait pour le MOOC ?

Je ne sais pas : des idées 

Thérèse, communication MOOC GdP : faire une suite au GdP-Lab pour lancer concrètement un projet, une sorte de pépinière avec des apports extérieurs en termes de conseils de la part d’entrepreneurs réels, en termes financiers de la part de “business angels”, …

Guillaume, responsable du SPOC : J’aimerais cette année, lancer une expérimentation de Mooc en présentiel sur Marseille. Le but est d’inviter les volontaires à se réunir dans un lieu physique chaque semaine pour visionner les vidéos et débattre ensemble. Si l’expérience fonctionne, organiser un réseau de volontaires pour organiser ce type de rassemblement un peu partout en France.

“Ce MOOC n’est absolument pas un travail personnel, le prix doit être partagé”

Rémi Bachelet interviewé par l’équipe du MOOC GdP